Au départ, nous n'avions pas d'idée précise sur le lieu de nos vacances. Auvergne ? Vercors ? Cévennes ? Le seul "impératif" était que nous voulions pouvoir faire des randonnées. Ce qui laisse un peu de marge... Nous sommes donc repartis sur le même principe que pour nos vacances 2013 en Corse : nous avons choisi sur le site du bon coin deux gîtes qui nous semblaient sympas. Quant au lieu, c'était du pifomètre, qui s'est avéré être un excellent pifomètre. Nous avons en effet atterri dans un gîte qui surplombait littéralement les gorges du Tarn la première semaine, et un gîte perdu dans une petite vallée cévenole boisée et calme la seconde. Cap au Sud donc !
Semaine 1
Notre première bonne surprise a été de découvrir que notre gîte se trouvait au fond d'une impasse, au départ de plusieurs chemins de randonnée sublimes le long des corniches au-dessus du Tarn. Ni une ni deux, nous avons démarré sur les chapeaux de roues par une rando de 4h, avec un retour au gîte via le GR65 qui passe en plein sur le Causse Méjean.
Le causse Méjean est un plateau calcaire d'altitude (entre 800 et 1000m en moyenne) entaillé par les gorges du Tarn à l'ouest et les gorges de la Jonte au sud. En bas, les kayak, en haut, le désert ! Le paysage est très impressionnant et fait penser au Grand Canyon américain. Nous sommes entourés de lieux aux noms évocateurs : le Gévaudan, le Causse de Sauveterre, le Causse Noir, Le plateau de l'Aubrac, le Causse du Larzac, les montagnes des Cévennes. Toute la région a été classée au patrimoine mondial de L'UNESCO. Il y a peu, les loups ont (re)fait leur apparition, causant bien des soucis aux éleveurs de brebis. Les loups attendent la nuit pour boulotter les brebis qui paissent ici de nuit car il fait trop chaud en journée.
Nous en avons longuement discuté avec notre voisin, éleveur de brebis, qui fournit son lait à la fromagerie du "Fédou" (ahhh, le fédou... Nous y avons fait une dégustation de fromages du cru : brousse à la confiture de cynorrhodon - plus communément appelée "gratte-cul" - , brique, tome au genièvre... un VRAI délice !! Nous avons également fait honneur aux produits régionaux, et notamment la bière. Nico s'est fait un devoir de goûter toutes les bières locales. Les brasseurs de la Jonte ont remporté haut la main ce petit test, avec des bières au miel, à la châtaigne et autres délices liquides...Et pour clore le chapitre nourriture, nous avons fait la visite d'une ferme produisant des pâtés cévenoles, rillettes, "graoustous" et autres saucissons. On a tout simplement dévalisé leurs stocks..oups...).
Grâce à ce voisin éleveur, nous avons pu voir une nuée de vautours tourner autour de la carcasse d'un agneau. Les vautours fauves, qui avaient disparus dans les années 40, ont été réintroduits sur le causse avec succès dans les années 80. Pendant qu'ils nous survolaient, un des vautours a perdu une plume que j'ai ramassé. Eh ben... ça sent un peu la charogne quand même...
Plusieurs fois dans la semaine, nous sommes descendus au bord du Tarn pour faire du Kayak avec les amis ou tout simplement pour aller faire trempette histoire de se rafraîchir après une randonnée particulièrement chaude (le cirque de Saint-Marcellin, hameau troglodytique abandonné, aura eu notre peau, nous avons déclaré forfait après avoir perdu au moins 50 litres de sueur !!).
Le causse est aussi un terrain de jeu fantastique pour les spéléologues. Il est truffé de grottes toutes plus belles les unes que les autres. Un jour de très grande chaleur (hahaha...), nous avons visité l'Aven ("gouffre" en occitan) Armand (du nom de son découvreur). Un gouffre tellement grand que l'on pourrait y faire tenir Notre-Dame-de-Paris, tapissé d'une "forêt vierge" de stalagmites mises en lumière par des LEDs de toutes les couleurs, de plusieurs dizaines de mètres de haut dans lesquelles le promeneur se balade la bouche ouverte.
Enfin, nous avons quand même réussi à garder du temps, beauuucoup de temps, pour "truler" comme on dit dans le Périgord. Autrement dit bouiner, autrement dit buller, autrement dit rien faire du tout. Enfin, rien faire... Attention hein, on a quand même joué à des jeux de société, mangé, bouquiné dans les chaises longues, remangé, caressé les chats des voisins, visité des beaux villages, et reremangé. Tout un programme quoi. C'est qu'il ne faudrait pas se laisser abattre par toute cette chaleur !
Semaine 2
Après un passage éclair par le Mont Aigoual, sa station météo, ses 1565 mètres et sa vue bouchée par des brumes de chaleur, nous avons atterri dans notre second gîte, une "clède" typiquement Cévenole. Une clède est un petit bâtiment qui servait autrefois à faire sécher les châtaignes. Nico espérait avoir un havre de fraîcheur au sein de ses murs en pierre, mais l'isolation du toit était si fine qu'on a cuit comme.. des marrons :-) Heureusement, la chambre, située au rez-de-chaussée, restait bien fraîche. Nous avons été accueillis comme des rois par les propriétaires du gîte. Monsieur, passionné d'astronomie, a même pris toute une soirée pour nous montrer à la lunette les anneaux de Saturne, l'amas d'Hercule, la lyre, les cratères de la lune, la lumière clignotante d'Antarès et les merveilles de la Voie lactée.
Les paysages de cette seconde semaine étaient radicalement différents du Causse. Plus montagneux, plus boisé. Nous sommes passés sur un sol schisteux. Le schiste, mélangé au quartz, donne aux pierres un aspect argenté incroyable. Ici, les chênes blancs et les châtaigniers dominent. Ce fut aussi pendant un temps un lieu incontournable de la sériciculture : de l'élevage des vers à soie, des "magnaneries" et des mûriers pour nourrir tout ce beau monde. Une maladie et la découverte de gisements miniers du côté d'Alès ont mis fin rapidement à cette activité, mais les arbres et les bâtiments sont restés.
La zone est chargée d'histoire : zone très protestante, elle abrita les "camisards" qui se sont insurgés contre les persécutions qui ont suivi la Révocation de l'Édit de Nantes. Les résistants de la seconde guerre mondiale ont également trouvé refuge dans ces nombreuses vallées ultra isolées et très difficiles d'accès.
Durant nos randonnées, nous avons pu croiser un nombre relativement important de randonneurs voyageant avec des ânes, retraçant ainsi le voyage de Robert Louis Stevenson et de son ânesse Modestine. En plus petit et peut-être plus impressionnant, nous avons également croisé le chemin d'une vipère Aspic. Endormie, dodue, elle se trouvait en travers de notre chemin. Nico l'a taquinée avec son bâton pour voir si elle était vivante. Vu la façon qu'elle a eu de se redresser et de mordre le bâton, ça, on peut vous dire qu'elle était bien vivante !
Croisés en chemin...
Cette dernière semaine s'est clôturée sur le mariage de nos copains Montpelliérains. Nous avons aidé à la mise en place de la salle avant le mariage. Superbe lieu, les mariés étaient beaux, on a bien mangé, on a -un peu - bu, on a même dansé, on a retrouvé tous les copains "polytech", bref, super ambiance.
Semaine 3
Je n'en dirais que peu de choses étant donné que je suis repartie dès le mardi matin afin de retourner travailler pendant que Nico profitait d'une petite semaine de rab avec les copains. Ouf, 8 adultes et 3 enfants en bas âge.. Je laisse "tonton Nico" vous raconter son calvaire sa semaine :-)
5 commentaires
Rédigé par jean-marie le 6 août 2015
Je viens de goûter à la première semaine et comme je n'ai pas envie de sortir trop vite de cette belle ambiance, je me réserve la suite pour demain. Le coup des chats me donnent la nostalgie du mien qui n'est plus là: il me réclamait juste un petit câlin d'un quart d'heure chaque jour et son ronronnement en retour m'apaisait. Si c'est cela "truler" entre autres, alors ce n'est pas une perte de temps. Juste une question à Camille: quand tu perds 5O litres de sueur, combien pèses tu alors toute mouillée? J'ai hâte d'être à demain pour découvrir la deuxième semaine...
Rédigé par Chantal le 6 août 2015
Impressionnée je suis et reste par cette première semaine ! Comme Jean-Marie, j'en garde pour plus tard...
Merci de ce beau reportage, je vais retourner à ma géographie ! Sais-tu Nicolas que Mathilde (la fille d'Elisabeth et Vincent) s'est acheté une bergerie en Lozère qu'elle restaure ? Les paysages sont magnifiques et je comprends que de temps en temps un peu d'eau ne soit pas superflu. De même pour les visites "rafraîchissantes". Toujours aussi gourmands et gourmets, les jeunes: on se demande de qui ils tiennent!
Merci pour ce beau dėpaysement et à bientôt pour la suite de cette belle balade.
Rédigé par Camille le 6 août 2015
58 kilos - 50 litres de sueur + 3 kilos de fromage de brebis et 500 g de pâté caussenard au genièvre et 1/2 litre de bière au miel de châtaigne divisé par l'âge du capitaine... T'inquiète pas, il en reste toujours quelque chose :-)
Rédigé par Chantal le 8 août 2015
Belles vacances visiblement remplies d'activités.... et de "bullages" bien mérités.
Beaux souvenirs pour vous avec peut-être l'envie de découvrir encore d'autres lieux enchanteurs.
Merci pour ce beau reportage.
Rédigé par Jean-Marie le 9 août 2015
Je suis revenu en deuxième semaine et je n'ai pas été déçu. Superbes randonnées qui font envie. Décidément il faut que je lise "Voyage avec un âne dans les Cévennes" de Stevenson. Robert et Zouzou m"avait dejà qui étaient passés dans la région avaient déjà fait référence à ce livre.Ceci écrit, je crois que c'est suite à une peine de cœur qu'il avait entrepris ce voyage... Est ce pour cette raison que vous nous tirez la langue le lendemain du mariage de vos copains?
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