Rien n'est parfait : le beau temps revenu, nous pouvions enfin envisager le déconfinement imposé par le déluge ininterrompu de ces 7 dernières semaines. Tous les chantiers d'entretien des haies, celui des champs et la coupe du bois pouvaient donc reprendre…
En attendant que le soleil, bien aidé par de jolies brises d'est, assèche quelque peu les mares , voire les marécages qui s'étaient formés un peu partout sur la propriété, nous finalisons les projets en cours qui nous ont tant occupés ces dernières semaines. La nouvelle barrière des moutons est posée et c'est tant mieux car la « brebis énervée » comme l'appelle Ayden s'est enfin décidée à faire ses petits mi avril (il était temps...), les sièges et les boites à outils sont fixées sur les tracteurs. Et c'est au moment où nous pouvons enfin réinvestir l'entretien des herbages que la nouvelle du confinement lié au coronavirus nous est imposé. Très vite nous comprenons qu'il nous sera impossible de partir migrer au printemps sur notre voilier comme à notre habitude. Contre mauvaise fortune , bon coeur, nous allons en profiter pour nous investir comme jamais à cette époque là de l'année dans l'entretien de la ferme et dans la réalisation de certaines entreprises remises depuis longtemps aux calendes grecques : construction d'un réduit pouvant être fermé pour protéger tous les outils ayant quelque valeur et pouvant faire envie à des visiteurs mal intentionnés (tronçonneuses, élagueuse, compresseur…) ; création d'un lieu de rangement du matériel apicole et remise en état des ruches et ruchettes. J'ai pu me lancer dans la rénovation de notre vieux motoculteur et ce qui paraissait impossible au départ semble maintenant réalisable. Par les temps qui couraient et qui ne nous permettaient pas de nous approvisionner à l'extérieur , le défi a consisté à ne compter que sur les matériaux et les outils présents à Ravent. Un tour de force parfois qui nous a obligés a élaborer certaines solutions inédites. Je me croyais à bord en pleine mer , contraint en cas de pépin majeur à user , voire abuser, d'imagination , de persévérance et de patience infinie. Je me suis senti parfois grandi et heureux quand je mettais en œuvre une solution et qu'elle était satisfaisante. Toute situation a ses avantages. Avec Philippe et Catherine nous avons repris toutes les clôtures et les barrières, refait des haies , fait disparaître de beaux ronciers et même s'il en reste à faire nous sommes assez fiers du résultat. De grands feux de joie ont marqué la fin de certaines corvées. Et les tas de bois dressés un peu partout sont autant de promesses de belles flambées à venir dans nos poêles et nos cheminées. Autre problème à résoudre : plus de fournisseur de foin ni de paille pour nos bêtes. Qu'à cela ne tienne : nous allons gagner plus de trois semaines en faisant tourner les bovins dans les différents herbages . Bien sûr c'est un peu contraignant car il faut monter la clôture électrique puis la démonter très vite après quelques jours. Mais du coup nous avons vérifié tout le matériel avec Philippe. En outre j'ai refait des piquets métalliques qui nous seront très utiles pour la suite. Les conditions exceptionnelles de ce mois d'avril m'ont permis de herser à chaque fois la pièce que les bovins venaient de quitter . Ainsi après une courte période de reconfinement au foin et aux céréales, nous pourrons mettre rapidement tout ce petit monde là au vert. Il a fallu prendre soin de la jument Fiona qui s'est mise à maigrir à toute vitesse : sans doute son âge explique son incapacité à lutter contre les parasites, alors qu'elle et Jobi n'avaient jamais été traités pour ce problème jusque là. Il a bien fallu que je remplisse le papier de sortie pour chercher des aliments complets afin de la « remplumer » . Tous les jours nous la mettons à l'herbe dans le chemin et Catherine apporte son seau de pissenlits presque chaque soir.
Ce début de printemps c'est aussi la reprise du désherbage général aussi bien dans le jardin d'agrément que dans les parterres dans la cour. Philippe et Catherine lancent le travail dans la serre puis dans le jardin : désherbage toujours, assolement, semis, repiquage au programme.
Depuis des années nous sommes absents à partir du début avril et il faut bien le reconnaître, cette obligation à rester à Ravent, cette fois ci, nous a fait redécouvrir des richesses que nous avions complètement occultées de nos mémoires : la floraison des pommiers, une splendeur que moi et Chantal allions admirer chaque jour sans nous lasser, puis celle de l'épine ; la floraison des parterres le long de la maison qui la rendent si belle ; le chant des oiseaux, ceux qui restent à l'année et ceux revenus de leur longue migration ; la grenouille et la petite couleuvre que Philippe et Catherine m'ont fait admirer ; le miel de pommier récolté pour la première fois à Ravent , un régal; les premiers légumes amenés fièrement par Philippe et dégustés avec gourmandise; la surprise de Catherine avec les poussins sous la petite poule babet … Oui nous sommes bien dans une belle prison dorée pendant ce confinement mais malgré tout cela reste une prison.. Toutefois le premier mai nous avons tout de même admiré les jolis brins de muguet et nous en avons fait profiter la famille et les amis pour leur signifier clairement que nous ne les oublions pas !
PS très prochainement je mettrai en ligne un texte de Philippe : « le bœuf qui ne voulait pas être confiné.
5 commentaires
Rédigé par Nico le 5 mai 2020
Rédigé par celine Behier le 5 mai 2020
Rédigé par Manou le 5 mai 2020
Rédigé par Cyrille le 5 mai 2020
Rédigé par Chantal le 6 mai 2020
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